Sur l'Archipel des Andaman, archipel situé à 1000km des côtes indiennes des agences de tourisme peu scrupuleuses
organisent avec l'aide de policiers corrompus des safaris humains dans
la réserve de la tribu des Jarawa, qui a eu son premier contact avec le
monde 1998. Une vidéo tournée par un journaliste britannique jette une
lumière crue sur ces pratiques dénoncées par l'ONG Survival.
lire l'article en anglais:
http://www.theguardian.com/world/2012/jan/14/andaman-jarawa-india-human-safari
Un des derniers paradis avec ses plages immaculées et ses eaux
transparentes. Longtemps les îles Andaman sont restées fermées, place
stratégique pour l'armée indienne à quelques encablures de la Birmanie.
Depuis une quinzaine d'années seulement, elles s'ouvrent doucement au
tourisme. Ils viennent découvrir leur beauté exceptionnelle, mais pas
seulement. Les Andaman abritent une curiosité unique au monde : des
tribus vieilles de 65 000 ans, restées à l'abri du reste du monde
jusqu'à il y a une cinquantaine d'années. Aujourd'hui, les survivants
des tribus Jarawas, Sentinelles, Grands Andamanais, sont censés être
protégés par des réserves.
Une vidéo montrant des femmes issues
d'une tribu primitive protégée en train de danser pour des touristes en
échange de nourriture sur les îles Andaman, en Inde, a provoqué une
grande émotion et déclenché l'ouverture d'une enquête.
C'est le journal britannique The Guardian
qui rapporte cette vidéo. On y voit des jeunes femmes de la tribu
Jarawa, certaines nues, forcées par un policier d'exécuter des danses
devant des touristes en échange de nourriture.
Pour ce spectacle, le policier aurait même
reçu 240 euros. Tous les jours, cette tribu reçoit la visite de
centaines de touristes qui effectuent des "safaris humains". La vidéo
fait aujourd'hui scandale en Inde. Le ministre indien des Affaires
tribales, Kishore Chandra Deo, a promis de prendre des mesures après
l'incident, qu'il a qualifié mercredi de "dégoûtant". "C'est déplorable.
On ne peut pas traiter des êtres humains comme des bêtes de foire pour
se faire de l'argent. Je désapprouve totalement ce genre de tourisme et
nous allons l'interdire", a-t-il encore déclaré à l'agence Press Trust
of India. La police des îles Andaman a de son côté jugé que c'était un
"vieil" enregistrement. "La vidéo semble vieille de six ou sept ans,
lorsque les Jarawa ne s'habillaient pas. Aujourd'hui, ils s'habillent en
public", a relevé le directeur général de la police. En juin l'an
dernier, Survival International avait accusé huit agences de voyage
indiennes d'organiser des "safaris humains" pour que les touristes
puissent photographier les Jarawa.
01/2012
Les
scandaleux et dégradants zoos humains de notre Histoire n’appartiennent
pas qu’au passé. Aujourd’hui encore, des tour-opérateurs proposent des
safaris humains sur les îles d’Andaman, dans le Golfe du Bengale au sud
de la Birmanie.
C’est une vidéo publiée par The Guardian qui a attiré notre attention et qui dénonce des pratiques qui ne méritent que notre mépris. Notre carton rouge (écarlate) va cette fois-ci aux tour-opérateurs qui vendent des safaris humains dans les îles indiennes d’Andaman.
Dégradants safaris humains, les autorités savent
Ce n’est pas la première fois qu’un tel scandale éclate.
Survival International, une ONG qui agit dans le monde entier pour les droits des peuples indigènes avait déjà dénoncé
les menaces qui pèsent sur la tribu des Jarawa.
La tribu compte 403 membres. Ces hommes, femmes et enfants vivent en
dehors de notre société et pourtant à la frontière de lieux hautement
touristiques de la baie du Bengale. Ce sont des gens qui font confiance
et c’est leur innocence qui les rend vulnérables.
Les Jarawa, peuple menacé depuis 40 ans
Photo : agence-presse.net
Le peuple est menacé depuis 1970, date à laquelle a été construite
une route traversant son territoire. La construction a d’abord signé l’invasion des braconniers, qui se sont mis à piller le gibier dont la tribu dépend.
Depuis,
ce sont d’autres dangers qui planent sur la tête des Jarawa. Des
agences de voyages indiennes, sans aucun scrupule, proposent
des circuits touristiques au coeur de la tribu.
Or, le simple fait d’être en contact avec des personnes de l’extérieur
peut exposer les Jarawa à des maladies contre lesquelles ils ne sont pas
immunisés. La tribu voisine des Bo s’est éteinte en 2010 après la mort
de la dernière survivante, Boa Sr, une dame âgée d’environ 85 ans. Les
Jarawa risquent fort de subir le même sort…
Malgré les
interdictions, les touristes cherchent régulièrement les contacts avec
la tribu. D’ailleurs, un luxueux complexe touristique a été construit
tout près de la réserve par la compagnie de voyages indienne Barefoot,
exposant la tribu à davantage de contacts avec le monde extérieur.
Les autorités ferment les yeux sur les safaris humains
Les
safaris humains sur les îles d’Andaman sont monnaie courante si on en
croit les files de véhicules empruntant les routes (illégales) vers la
réserve de la tribu.
Dans la vidéo publiée il y a quelques jours sur le site de
The Guardian, c’est
le spectacle de l’horreur.
Des touristes qui jettent par les fenêtres de leur car des bananes et
des biscuits, comme ils le feraient dans un zoo. Indécent, honteux,
dégoutant…
Dans la vidéo, on peut voir un groupe de femmes Jarawa
dansant devant les caméras des touristes, à la demande d’un officier de police !
La police qui est censée protéger ces tribus compte de toute évidence
dans ses effectifs des brebis galeuses : des policiers sans aucune
morale
permettent et même entretiennent ces pratiques écoeurantes de spectacle de bêtes de foire, contre quelques roupies.
Stephen Corry, directeur de
Survival International, de déclarer :
« Cet
enregistrement apporte la preuve concrète que ces safaris humains
continuent encore aujourd’hui. Et s’ils ont encore lieu, c’est
uniquement à cause de la route ‘Andaman Trunk Road’ qui traverse la
réserve des Jarawa. Dix ans après l’ordre de la Cour Suprême de fermer
cette route, il est scandaleux que l’administration andamane ne l’ait
pas encore fermée. Le gouvernement pourrait mettre un terme à ces
safaris aujourd’hui en fermant définitivement la route.[…] Cette
histoire scandaleuse exhale les relents racistes et dégradants de l’ère
coloniale et de ses « zoos humains » qui appartiennent à un passé
révolu. Tout porte à croire que le comportement de certains individus à
l’égard des peuples indigènes n’a pas changé d’un iota. Les Jarawa ne
sont pas des bêtes de foire qu’on peut contraindre à faire des pitreries
pour des touristes en mal d’exotisme. »
Survival International
appelle les touristes à boycotter la route. L’ONG a également écrit aux
8 agences de voyages proposant le circuit, les exhortant d’arrêter de
pratiquer ce tourisme de la honte.